Yapo Henri Paul Désiré alias Kadirov et Gohi Renato alias Rena Barakissa sont les deux porte-voix de la Team 2 Poy. Le groupe précurseur et promoteur du Biama est annoncé pour un concert inédit le 26 avril prochain au Palais de la Culture d’Abidjan-Treichville. Nous les avons rencontrés à Yopougon-Académie. Leur fief, là où tout a commencé. Entretien avec le porte-parole du groupe, Renato Barakissa…

Dites, depuis combien d’année dure déjà l’aventure biama ?
On va dire 5 ans maintenant pour la sortie de la première production musicale typique biama. Mais bien avant même d’entrer dans la musique, nous étions déjà ‘’biamasseurs’’. Depuis 2017, nous étions des ‘’biamasseurs’’ avant de devenir des chanteurs. Moi (Kadirov), je suis né dans le biama, c’est nous qui l’avons mis en avant. Avant, le biama était minimisé, maintenant le biama est écouté par tout le monde. Aujourd’hui, on constate que le biama est devenu le centre d’intérêt du Coupé-décalé. Sans le biama dans le Coupé-décalé, il n’y a pas d’ambiance.
Et comment définissez-vous le concept du biama ?
Le biama c’est la détente, la joie, la danse, c’est de la musique, bref, c’est tout ce qui nous entoure. C’est notre quotidien ici à Yopougon. Par exemple, vous verrez qu’on ne parlera pas de biama à Cocody, mais on en parle à Abobo, pareil à Yopougon, dans les quartiers précaires. Parce que biama exprime les dures réalités d’Abidjan.
C’est quoi votre parcours depuis votre première production musicale biama ?
Les premières démos sur le biama remonte à 2017. Mais en termes de parcours, il faut dire qu’avant notre sortie, le biama n’était pas tellement vu. On dira même qu’il était méprisé. Il s’agissait de chanter et danser en même temps, donc ça a été compliqué de s’imposer. On était sur tous les podiums ici et là, pour essayer de promouvoir le biama, donc notre culture à nous. Ça n’a jamais été facile. Après, nous avons essayé d’innover, d’apporter une certaine clarté à la chose. Du coup, depuis ce temps, le biama est devenu une réalité, accepté et adopté par tout le monde.
Aujourd’hui, votre détermination à promouvoir et imposer le biama prend un tournant important avec un concert live le 26 avril prochain. Pourquoi ce concert maintenant ?
Nous ne sommes pas à notre premier concert. Mais celui-là est le plus grand. Il va réunir tout le biama complet, tout Yopougon. Donc ceux qui aiment la danse, ceux qui aiment le biama, ceux qui aiment les beaux pas de danses sont invités à prendre leurs tickets, parce que ça sera du biama en couleur. De notre côté, nous préparons ce concert de façon relaxe, parce qu’avec nos prestations et répétitions, nous sommes déjà bien habitués. Donc pas de pression sur nous.
La salle Anoumabo a toujours été le baromètre des artistes en vogue. Y’a-t-il un message particulier derrière votre choix de cette salle mythique ?
Ce concert dans cette salle représente pour nous la prise du pouvoir du biama en Côte d’Ivoire. Même si le biama est déjà à un certain niveau, le Palais de la culture, c’est la confirmation, pour montrer à tout le monde que le biama, c’est quelque chose de réelle, un concept avec lequel les mélomanes doivent désormais compter. Et puis, comme vous le savez, la salle Anoumanbo est une salle mythique. Nous sommes à Abidjan et faire le plein de cet espace va nous faire un grand bien. Et ce n’est pas une première pour le Coupé décale, donc il y a l’habitude aussi.
« On était toujours avec Arafat de son vivant, c’était dans sa main »
Pendant que vous cherchez à prendre le pouvoir, que pensez-vous de la montée du rap ivoire ?
Nous avons participé au rap ivoire, nous avons tellement faire des featuring avec les rappeurs. Mais il faut avouer que je suis fier de cette progression, parce qu’au début j’étais un rappeur et j’ai toujours des amis rappeurs. Le rap est actuellement au top niveau, c’est une bonne nouvelle. On espère que le rap ivoire pourra s’exporter sur les scènes internationales. Le rap Ivoire est en avant. Maintenant, nous avons eu le Maïmouna au Casino de Paris, accompagné du Biama. Pour dire que c’est la famille, ensemble ont fait bouger les Ivoiriens, c’est le plus important.
Y’a-t-il des artistes invités pour vous accompagner sur le concert du 26 avril 2025 ?
Nous avons tellement de featurings ! Donc déjà tous les artistes avec qui nous avons fait des featurings seront présents. On peut dire que toute la clique musicale abidjanaise sera représentée.
On entend dire souvent que vous avez révolutionné le Coupé-décalé. Que répondez-vous à cela ?
On était toujours avec Arafat Dj de son vivant, c’était dans sa main. Aujourd’hui, nous essayons de faire comme lui, à notre façon. On peut dire que nous sommes dans la continuité avec des apports nouveaux. Donc ceux qui estiment qu’on a révolutionné le Coupé décalé n’ont pas totalement tort. Et nous essayerons de perpétuer ce que feu Arafat Dj nous a laissé.
Bekanty N’ko