Fini le temps où elle devait se dépêtrer avec la volonté d’un père enseignant qui la rêvait… Enseignante. Sur Bénie-Tv où elle officie, Kakou Amani Ruth épouse Koffi incarne le charme à la chrétienne engagée. Qui refuse de laisser ses rêves piétiner par les écueils de la vie. Opération espoir…
Dès le premier abord, l’impression est frappante : Ruth Koffi ne court pas après l’air du temps, elle marche avec. Sûrement à cause de sa foi profonde en Dieu. D’ailleurs, ne dit-on pas que le temps, c’est l’autre nom de Dieu ? Simplement. Armée de sa foi, alliée du temps, elle trace sa route vers la terre promise. Sa terre promise. Mais en attendant l’heure de l’arrivée ?
Elle a appris à rendre gloire à Dieu. Pour l’instant présent. Un véritable cadeau (le présent) signé Bénie-Tv. Une chaîne de télévision panafricaine à vocation confessionnelle qui ‘’brille’’ depuis trois ans maintenant. Suivie dans plus de 49 pays d’Afrique et ailleurs. Ici, le nom Ruth Koffi se conjugue avec un catalogue d’émissions. «Matin d’Afrique», la matinale du lundi au vendredi, sous le coup de 8h. «Vie de star ». Sans oublier « Blessing Christmas» pour les enfants. Et aussi, dernièrement, « Solfège ». Un télé-crochet spécial vacances qui met en compétition des talents en chant et louange…à Dieu.
Star (malgré elle) d’une télé qui n’a pas cette vocation, icône montante d’une culture religieuse censée ‘’tuer’’ les égos pour élever Dieu, elle se laisse vivre. Et ‘’explose’’. Au fil des émissions. Au fil du temps. Passionnée de cet univers de la communication, elle est presque mariée avec la télé…Sa rencontre avec cette ‘’machine’’ vaut un scénario. L’animatrice n’a rien oublié. Expérience oblige, Ruth Koffi sait dire les choses. Et surtout, distiller sa foi…
Chaque fois qu’on entend le mot ‘’confessionnel’’, la question que les chrétiens eux-mêmes se posent entre eux s’impose : évangélique ? Catholique ? Protestante ?
Ah, non ! Chez nous à Bénie-Tv, nous recevons, et des Evangéliques, et des Protestants, et des Catholiques. Aussi bien les catholiques que les évangéliques passent leurs annonces, Il n’y a aucun souci.
Est-ce encore une mauvaise lecture de dire que la condition pour officier à Bénie-Tv, c’est de confesser Jésus-Christ ?
Bénie-Tv est une chaîne professionnelle. Donc, on n’a pas forcément besoin d’être Chrétien. Certes, c’est l’un des critères, mais nous avons aussi des professionnels du domaine, des journalistes, des animateurs qui ne sont pas forcément des Chrétiens et qui travaillent également sur la chaîne. Mais, on espère qu’ils le seront parce que là-bas, tout ce que nous faisons (en termes de productions, Ndlr) tourne autour de la chrétienté. Mais, on ne fait pas de cela, une exigence pour y entrer.
Juste un casting et le tour est donc joué ?
La télévision a démarré sur un casting. Mais, lorsqu’elle démarrait, moi, j’étais dans sur une autre télé, toujours confessionnelle. J’ai pris les choses en cours, cela fait juste deux ans.
Est-ce votre expérience ou votre formation qui a joué dans le ‘’mercato’’ qui vous a porté sur Bénie-Tv ?
Non, il n’en est rien de tout ça. Je n’ai pas fait l’ISTC (Institut supérieur des techniques de la communication, Ndlr). Je n’ai pas fait d’études de communication. Je n’ai pas encore eu cette grâce-là. Mais, je pense que je le ferai quand ce sera le temps et que j’aurai les moyens qu’il faut.
Comment avez-vous atterri alors dans ce milieu de la télé ?
J’ai démarré avec la radio à Dimbokro où j’ai fait mon cycle primaire et secondaire, parce que mon père est enseignant et donc, on a un peu tourné dans le pays. En classe de Terminale A au Lycée moderne de Dimbokro, un jour, nous sommes allés à la radio pour une émission qu’on appelait, à l’époque, en 2002-2003, «Le bal du N’Zi». Là-bas, chaque élève devait faire un speech. Après mon passage, le directeur de la radio, M. Tipi Dakoury, me dit : ‘’dans ta voix, on sent que tu peux faire de la radio. Est-ce que ça t’intéresserait que je te forme et que tu fasses quelque chose sur la radio de Dimbokro? » J’ai dit pourquoi pas ? Il m’a donné rendez-vous, je suis allée et les choses ont commencé ainsi.
Et vous voilà engagée et animatrice passionnée… aussi subitement ?
Non. Sur le champ, je n’ai pas pensé qu’après, ça me prendrait la tête. Le monsieur a commencé à me former. Lorsqu’il y avait de petites manifestions dans la ville, des concerts, on s’y mettait. Et peu à peu, j’ai commencé à y prendre goût, jusqu’aux vacances et je suis venue à Abidjan après Bac. Malheureusement, pour moi en tout cas, j’ai été orientée en faculté d’Espagnol à l’université à Cocody. La première année, ça n’a vraiment pas facile.
Normal, si vous estimez qu’être orienté en fac d’Espagnol est un malheur, non ?
En fait, je n’avais vraiment pas la tête à l’université. J’avais plutôt envie d’être dans une école de communication. Mais, bon… Mon père, quand il veut quelque chose pour son enfant, il faut le faire. Et il me voulait dans l’enseignement. Donc, je n’avais pas vraiment le choix. Mais à la deuxième année de la faculté, je n’en pouvais plus. Parce que là, en plein cours, mon esprit était ailleurs.
Vous étiez bien partie pour être renvoyée donc…
En tout cas, les choses suivaient ainsi leur cours. Et voilà qu’un jour, mon mari qui a entendu parler d’un casting à la télévision nationale, Rti-1, est venu me chercher à la maison. Il m’a dit : « je t’envoie quelque part, tu vas aimer ». On s’est donc retrouvé à l’église évangélique, La Source, du pasteur Kodjo Honorat. Il y avait un monde fou ! Je me suis entendu dire que c’était un casting pour une radio. Donc, c’est à mon tour, lorsque je me suis retrouvée en face d’une caméra, que j’ai compris qu’il s’agissait plutôt d’un casting télé.
Était-ce votre première expérience caméra ?
Oui, c’était ma toute première fois. Il y avait dans le jury, Rose Sabine (l’artiste chanteuse, Ndlr), à l’époque directrice de la chaine qui s’appelait Source-Tv, bien connue ici en Côte d’Ivoire. Ils ont braqué la camera sur moi, alors que je ne savais pas de quoi il était question. Et ils ont dit « Top ! Voici ton sujet, vas-y ! ». Et c’est venu comme ça… Après, sur ces milliers de personnes, on a été dix (10) à être rappelés. C’est ainsi que l’aventure avec la télévision a commencé sur Source-Tv. Et c’est juste après la fin de l’aventure Source-Tv que je suis allée à Bénie-Tv.
Mais Bénie-Tv se révèle finalement une ‘’bénédiction’’ trop chère payée, vu que vous n’avez pratiquement plus de vie de famille, non ?
C’est vrai, je suis chargée. C’est vrai, je n’ai vraiment pas le temps, parce qu’à côté de cela aussi, je manage des artistes, le groupe ‘’Éden ». Du coup, lorsque je finis à la télé, je me retrouve de l’autre côté pour les filles. Mais, Dieu nous fait la grâce de pouvoir avoir le temps pour la famille. Donc, j’arrive quand même à faire la part des choses entre mon foyer et mon boulot. Et puis, par la grâce de Dieu, j’ai un mari formidable. Donc, il comprend…
Justement, comment vous définir face à un homme ? Battante ? Passionnée ?
De nature, en tout cas, par la grâce de Dieu, je me bats bien. Je ne compte pas sur un homme. C’est vrai, mon mari s’occupe très bien de moi. Mais, je ne suis pas du genre à l’attendre pour charger une bouteille de gaz ou acheter une boîte d’allumettes. Souvent, on voit des femmes qui attendent que monsieur rentre pour payer une boîte d’allumettes et tout. Ce n’est pas normal. Une femme doit être une aide. C’est ce que dit la Bible. Donc, face à un homme avare, par exemple, je peux gérer. Mais un homme qui bat une femme, je ne peux jamais accepter cela ! Dieu merci, mon mari et moi sommes à 13 ans de mariage, je n’ai jamais connu ça.
Quel est le bilan de l’émission ‘’Solfège’’, votre télé-crochet dont la première édition s’est tenue ces vacances passées?
Cette première édition a été enrichissante ! Parce qu’au départ, on a juste eu l’idée de faire une émission de vacances. Il n’y avait pas trop d’enthousiasme. Mais l’engouement est venu après, au fur et à mesure. Les gens ont commencé à aimer, ils étaient scotchés. On recevait plein d’appels d’Abidjan, du Gabon et bien d’autres pays. Et après la finale, je me suis dit que j’ai remporté un pari. Parce que j’espère faire beaucoup de choses dans le domaine de la Communication. Pas seulement être Présentatrice, non. J’ai bien d’autres ambitions. « Solfège », pour moi, est un tout premier pari dans mes ambitions.
Une petite idée de ses ambitions qui vous portent ?
Je rêve d’avoir une grosse structure de communication. Avec une télévision à moi. Parce que j’ai plein d’idées, pour des émissions, des animateurs. Parce qu’il y a pleins d’animateurs très talentueux, mais qui n’arrivent pas atteindre le sommet. Aujourd’hui, il faut connaître quelqu’un pour y arriver. Même les castings se font un peu à huis clos, de bouche à oreille. Donc, si tu n’as pas de relations, tu risques de passer à côté. Mais, je compte sur la grâce de Dieu, je sais qu’Il est fidèle et qu’un jour, j’atteindrai mon objectif. J’aurai cette grande structure de télévision qui pourra donner leur chance à tous ces jeunes. Et puis, pourquoi ne pas rêver que de la Côte d’Ivoire, sorte de grands animateurs qui seront sur des grandes chaînes de télévision du monde ?
Ruth… En bref
- Un Bac littéraire qui l’a destinait à l’enseignement… de l’espagnol. Comme le voulait son père.
- Un Deug 2 en Espagnol : preuve palpable de la force de la passion… sur la volonté. Fut-elle des parents. « Je compte poursuivre mes études, mais plutôt en communication. Donc, je ne me suis pas arrêtée, c’est juste une petite pause. Forcément, je vais reprendre les cours», assure-t-elle.
Ruth…Côté jardin
Mariée très jeune, Ruth Kakou épouse Koffi est (l’heureuse et très jeune) maman de… cinq enfants ! « Oui, j’ai 5 enfants, mais il y a aussi des jumeaux là ! Je n’ai pas accouché cinq fois. Le Seigneur a été bon avec moi, il a juste doublé les derniers », explique-t-elle dans un éclat de rire.
De sa conception du couple ? « Je pense qu’on peut tout se dire dans un couple, ça dépend de la manière. Et aussi de la base de votre couple. Si la base est vraie, que monsieur et madame se parlent, avec les années, vous devenez des complices, des frères même. Et on ne se cache plus rien.»
De la responsabilité de l’homme dans l’infidélité de la femme dans le foyer ? « A mon avis, c’est possible, un homme peut pousser une femme à l’infidélité. Parce que sur mon Plateau de « Matin d’Afrique », tous les vendredis, nous lisons des courriers de gens qui vivent des situations difficiles dans leurs foyers. Je me rappelle le cas d’un homme qui a écrit pour dire que sa femme le trompait.
Après trente ans de vie commune et de grands enfants. Il a même surpris cette dernière et connaît bien son amant. Mais, elle refuse ouvertement d’arrêter ! Moi, j’ai demandé au pasteur qui s’occupe de l’affaire de demander à l’homme ce qu’il a bien pu faire à sa femme. Le pasteur a trouvé ça bizarre.
Mais, avec l’expérience, j’ai appris que dans ce genre de cas, il se peut que l’homme ait fait quelque chose de vraiment moche et la dame se venge en retour. Il y a des cas, dans plusieurs foyers où la femme demande juste une petite attention, mais l’homme n’a pas le temps. Souvent même, il n’est jamais là… Quelle que soit la sagesse de la femme, si l’homme ne change pas, je ne sais pas, mais la femme pourrait aller voir ailleurs, pourquoi pas ?»
Par Ameday KWACEE